Cet article s'intéresse au réseau inter-organisationnel et interindividuel d'un biocluster (groupement géographique d'entreprises, de laboratoires et de formations dans le domaine des biotechnologies). Il s'attache à montrer les différentes formes d'interactions ou d'incommunicabilités qui traversent les trois sphères suivantes : science, industrie et formation. Empruntant les techniques d'analyse de réseau et les méthodes en sciences sociales (observations, entretiens et questionnaires), il montre des relations formelles limitées entre les organisations mais rend compte, au niveau interindividuel, de plusieurs phénomènes d'interconnaissance. Au niveau des dirigeant.e.s, cette interconnaissance se manifeste par une appartenance au « petit monde de la génomique » et par du partage d'expérience en cas de problèmes. Au niveau des équipes, cela se traduit davantage par des relations dites conviviales, voire jusqu'à l'émergence de liens d'amitié, mais qui se convertissent dans très peu de cas en échanges professionnels. En effet, les réseaux interpersonnels sont plutôt mobilisés afin de circuler professionnellement dans les différentes organisations participant à l'émergence d'un marché du travail interne au cluster. Néanmoins, ce marché du travail interne n'est pas appareillé aux étudiant.e.s de l'université locale alors que l'offre de formation de proximité est paradoxalement de plus en plus en adéquation avec les besoins des entreprises et laboratoires.